La prostituée n’est pas seulement un personnage socialement transgressif, c’est un puits de savoir. Sur les hommes, sur le sexe sans censure, sur la violence, sur la jouissance, sur les tueurs (les proxénètes et les gens « très riches »). La prostituée excite le désir en signifiant le sexuel libéré de toute entrave, elle provoque la haine parce qu’elle sait ce que personne d’autre ne peut savoir. Psychologue, anthropologue, sociologue, thérapeute, du point de vue ethnographique elle est aussi l’indigène précieux qui transmet au chercheur les informations qu’il ne peut connaître par ses propres moyens. Comme l’écrivait Pierre Bourdieu, les travailleurs sont les mieux placés pour être sociologues de leur travail. Encore faut-il franchir l’abîme qui sépare le vécu des prostituées d’un discours sur leur expérience, s’il n’est pas mis en perspective.
La prostituée passe pour « marginale », mais on ne veut accepter de cette réalité excitante et effrayante, de ce trésor fascinant et sordide, que des images supportables. La création artistique, elle aussi, implique transgression et transfig[...]
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