"À la rue" ? Chiche !

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"À la rue" ? Chiche !

Lettre envoyée par Pierre Prévost, président de la Fédération des Arts de la rue
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par Valérie de Saint-Do
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Je reproduis ici la lettre envoyée par Pierre Prévost, président de la Fédération des Arts de la rue, à ses collègues ... de l’intérieur !

Manifestation de la fédération des Arts de la rue devant l’assemblée nationale en octobre dernier. Crédit : MARZARI/SIPA

"Chers collègues dans le grand vaisseau culturel
Chers cousins dans la grande famille théâtrale

Depuis qu’à coups de RGPP, de réformes territoriales et de restrictions budgétaires, le gouvernement met à mal nos démarches et nos fonctionnements communs, vous nous avez à vos côtés, directement ou à travers l’UFISC, sur toutes les réunions, déclarations et manifestations.
Au cours de la dernière, celle du 6 mai, certains d’entre vous, et non des moindres, ont cru bon de clamer que "mettre le théâtre à la rue" était le début de la catastrophe. Certains ont même décidé de jouer dehors afin de montrer, par l’absurde, combien c’était incongru.

Outre le ridicule de ces assertions -car enfin, ces spectacles "mis à la rue" auraient pu rencontrer à cette occasion un public élargi, au-delà des chapelles habituelles et du club bien fermé de leurs abonnés-, permettez-nous de trouver ces démarches et cette métaphore particulièrement malvenus.

Etre à la rue, pour le théâtre, n’est ni une catastrophe, ni une honte.

Faut-il vous rappeler que Molière, et avec lui bien d’autres, ont commencé par là, et que d’autres y restent parce qu’ils s’y trouvent bien et mènent année après année des démarches artistiques qui n’ont rien à vous envier ?

Faut-il vous rappeler que nous sommes plus de 1000 cies "de rue", plus de 200 festivals et plus de 100 lieux de fabrique de toute taille et de tout type, répartis à travers tout le territoire ?

Que nous touchons plus de spectateurs que tous les match de foot réunis (et, partant, de toutes les salles de théâtre réunies) ?

Que nous accueillons parmi nous des danseurs de talents, des auteurs de génie, des plasticiens hors pair, des comédiens inspirés, des musiciens enfiévrés, des pyrotechniciens, des poètes, de administrateurs, des architectes, des vidéastes, des acrobates... et que tous les corps de métier sont chez nous représentés ?

Que nous menons, en lien direct avec la population, des actions et des rencontres qui favorisent le vivre-ensemble et diffusent de l’art en maintes occasion ?

Que nous offrons tout au long de l’année, en tous lieux en tous temps, et sur tout le territoire, des milliers de spectacles ?

Et que nous apportons non seulement du divertissement mais aussi de la beauté, du sens, de l’émotion !

Que nous avons des décennies d’expérience et de savoir-faire ?

Et que si nos subventions, comparées aux vôtres, sont ridiculement basses, ce n’est certes pas faute d’engagement artistique et culturel ???

Si nous nous tenons à vos côtés, dans ce combat pour défendre une politique et une économie artistiques et culturelles que l’Etat menace d’amputer gravement, sachez que ce n’est pas pour le maintien des budgets -somme toute confortables- de vos établissements les mieux nantis, mais parce que nous sommes farouchement attachés à la diffusion culturelle dans tous les territoires, à la diversité des formes artistiques, à ce lien, si fragile et si indispensable qui se crée avec le public dans toutes nos représentations -qui que nous soyons et où que nous allions-, à la qualité des productions qui lui sont proposées, et à des conditions financières décentes pour ceux qui les fabriquent, bref à une culture vivante, inventive, puissante.

Au delà de notre propre chapelle, nous voulons lutter contre la mise à mort des petites structures et compagnies, des associations culturelles ou d’éducation populaire. Nous savons que le danger est grand de ce côté là et que nous y perdrons tous si nous laissons faire.

Nous pensions que nous étions d’accord sur ce point là, parce que la santé du paysage culturel, c’est notre affaire à tous.

Cette "maladresse" dont vous avez fait montre -certains d’entre vous- nous amène à nous demander si nous menons vraiment le même combat.
Il serait souhaitable que vous nous rassuriez sur ce point, afin que nous puissions aller de l’avant, et sans arrières-pensées, pour les batailles futures.

Bien à vous"

Pour la Fédération des Arts de la Rue
Pierre Prévost
Président



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